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Nathalie Vaxelaire, présidente de l'UIMM Lorraine

L’industrie dans la peau

Présidente de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) Lorraine depuis avril dernier, Nathalie Vaxelaire affiche une passion chevillée au corps pour ce secteur qui ne lui était pas prédestiné. La pilote de Trane SAS dans les Vosges entend continuer à batailler ferme pour faire reconnaître l’industrie à sa juste valeur, loin des images encore stéréotypées. Une mission délicate, mais pas impossible, dans un contexte où certaines annonces gouvernementales pourraient s’avérer comme plus que préjudiciables.

© Guillaume Ramon. Au cœur de l’un de ses sites de production à Golbey, Nathalie Vaxelaire, pilote de Trane SAS et présidente de l’UIMM Lorraine mise d’abord sur les relations humaines.
© Guillaume Ramon. Au cœur de l’un de ses sites de production à Golbey, Nathalie Vaxelaire, pilote de Trane SAS et présidente de l’UIMM Lorraine mise d’abord sur les relations humaines.

Elle a un mot, un geste rapide mais sincère pour chaque collaborateur et collaboratrice qu’elle croise sur l’un de ses sites de production à Golbey. Nathalie Vaxelaire, présidente de Trane SAS (groupe Ingersoll Rand), spécialiste de la climatisation et du conditionnement d’air, prend le temps de s’arrêter et de dialoguer avec les opérateurs et opératrices de l’entreprise à l’heure du changement de postes. Elle l’assure, «j’aime les gens» et c’est dans cet univers de ligne de production et d’assemblage où les postes à souder de brasage tournent à plein régime qu’elle se complaît. Vosgienne, originaire de Rochesson, elle n’était pas prédestinée pour faire carrière dans l’industrie.

«Je voulais être expert-comptable ! C’est à l’occasion d’une mission d’audit pour le cabinet Ernst & Young dans lequel je travaillais que j’ai mis la première fois les pieds chez Trane. Je ne connaissais rien à l’industrie, j’ai été conquise et je n’en suis plus partie. L’industrie, cela vous gagne.» C’était il y a trente ans, en 1994. Aujourd’hui elle est à la tête des usines vosgiennes de Trane (Golbey et Épinal) affichant près de 700 salariés. Cette «curieuse de tout avec toujours une volonté d’apprendre», affiche un double cursus dans une école de commerce et un master en économie et finance à l’université de Clermont-Ferrand où elle décroche un diplôme d’expertise comptable. 

«Cela m’a permis de mieux comprendre l’univers de l’entreprise, de mieux le capter.» Son passage dans le cabinet d’audit Ernest & Young lui permet d’appréhender des sociétés de types, d’importances et de technicité très éclectiques. «J’ai besoin et j’aime apprendre toujours et encore et c’est auprès des gens que le plus important est à acquérir.» De l’humanisme version industrie !

© Guillaume Ramon. 30 % de femmes composent aujourd’hui les effectifs dans l’industrie. Les marges de progression sont présentes, c’est l’un des fers de lance de Nathalie Vaxelaire, la présidente de l’UIMM Lorraine.


Pas de territoires forts sans industrie forte

«L’industrie, c’est une dynamique humaine à part entière. Les femmes et les hommes de l’industrie contribuent ensemble à créer les produits de demain avec des valeurs communes et pour le développement de nos territoires. Il n’y a pas de territoires forts sans une industrie forte.» Un quasi-sacerdoce pour celle qui préside l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) Lorraine, membre du Medef, depuis avril dernier. Une branche d’influence dans la région qui rassemble 1 600 entreprises et emploient plus de 40 000 salariés. 

Un poids lourd s’affichant comme la colonne vertébrale économique et sociale des territoires avec la particularité régionale d’avoir une grande majorité d’entreprises de moins de cinquante salariés. Investie depuis 2011 au sein de cette union, où elle a été présidente déléguée et trésorière, Nathalie Vaxelaire a succédé à Hervé Bauduin (président de 2018 à 2024). À ses côtés : Éric Schwartz, président délégué. Emmanuel Nerkowski, trésorier. Mickael Grivel, premier vice-président et Vincent Thinius, vice-président et secrétaire du bureau. Un travail d’équipe de nouveau. À l’occasion de sa nomination, Nathalie Vaxelaire citait le consultant américain, Patrick Lencioni, auteur de nombreux ouvrages dans le champ du management et notamment dans le développement des organisations et des équipes. 

«Ce n’est ni la finance, ni la stratégie, ni la technologie mais le travail d’équipe qui demeure l’avantage compétitif ultime, parce qu’il est si puissant et si rare.» L’esprit d’équipe toujours et encore avec comme moteur l’humain histoire de relever les nombreux défis auxquels doit faire face le monde de l’industrie. RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) en passant par la sacro-sainte décarbonation.

L’enjeu de la réindustrialisation

«En vingt ans, l’industrie a considérablement réduit ses émissions de CO2. Aujourd’hui, l’industrie c’est moins de 17 % des émissions des CO2. Il faut arrêter de dire que l’industrie pollue. La décarbonation du pays passera par l’industrie. Dans la conception même de leurs produits, les industriels diffusent cette décarbonation chez leurs clients.» 

La réindustrialisation engagée, même si aujourd’hui elle commence à enregistrer une certaine perte de vitesse (depuis le début de l’année le nombre d’usines qui ferment est de nouveau supérieur à celui de celles qui s’ouvrent : NDLR), s’affiche comme un des éléments clés pour y répondre. «Pour la force de nos territoires et pour le financement de notre modèle social, il faut réindustrialiser. Un emploi industriel génère quatre emplois directs.» L’industrie, moteur du développement des territoires, une quasi-évidence en Lorraine, terre d’industries par excellence. Reste que le climat général, et notamment politique de ces derniers temps entraînent certaines inquiétudes. 

«Tout le monde s’engage à dire qu’il faut une industrie compétitive, décarbonée, qu’il faut réduire le taux de chômage mais plusieurs annonces gouvernementales sont tout simplement en train de casser la dynamique engagée par le secteur depuis de nombreuses années.» En première ligne, la réduction des aides en matière d’embauche des apprentis (une aide qui devrait passer de 6 000 € à 4 500 € par an pour les entreprises). 

«C’est préjudiciable ! Le secteur a investi fortement pour permettre aux jeunes, et aux moins jeunes, de trouver leur voie dans l’industrie, tout en permettant de répondre aux réels besoins en matière de compétences des entreprises et de continuer à nos collaborateurs de monter en compétences pour faire face à l’évolution constante des technologies.»

© Guillaume Ramon. L’apprentissage au plus proche des territoires ! Objectif affiché de l’UIMM Lorraine. En avril dernier, le pôle formation UIMM lorraine a ouvert un nouveau centre à Bar-le-Duc.


L’indispensable transmission des savoirs

80 000 alternants au niveau national sont présents aujourd’hui dans le secteur de l’industrie. En Lorraine, pas moins de deux mille apprenants (du CAP au diplôme d’ingénieur) sont formés au sein des neuf sites du pôle formation UIMM Lorraine (Maxéville, Bouxières-sous-Froidmont, Henriville, Metz, Yutz, Épinal, Thaon-les-Vosges, Saint-Dié-des-Vosges et récemment le dernier venu de Bar-le-Duc). 

«La transmission des savoirs est indispensable pour la compétitivité et la pérennité de nos entreprises. Et, il faut continuer à attirer les jeunes vers nos métiers.» Une quête continuelle pour capter les jeunes générations et continuer à renforcer l’image générale de l’industrie. La prochaine édition de Show Industrie, événement destiné à faire découvrir les savoir-faire industriels régionaux annoncé du 22 au 23 novembre au parc des expositions de Metz, apportera, sans doute, sa pierre à l’édifice. 

«C’est une belle vitrine qui permet de donner le véritable visage de ce qu’est l’industrie. Mixer un salon de l’orientation vers nos métiers à destination des jeunes et des étudiants pour susciter des vocations professionnelles et faire découvrir l’industrie moderne est une bonne chose», assure la présidente de l’UIMM Lorraine, partenaire de la manifestation. 5 000 postes dans le secteur sont aujourd’hui ouverts en Lorraine. Les pourvoir demeure tout simplement vital pour voir les forces vives du territoire que sont les industriels perdurer et continuer à s’armer dans un monde globalisé où la compétition ne se fait pas toujours à armes égales, notamment, au niveau normatif et réglementaire. «Nous sommes devant de nombreux enjeux, il faut continuer à consolider nos acquis et à nous battre, notre avenir en dépend.» La bataille de Madame Industrie continue…



L’industrie au féminin

30 % de femmes aujourd’hui dans l’industrie ! «Les choses ont évolué mais les marges de progression sont bien présentes.» Pour Nathalie Vaxelaire, la féminisation de la profession s’affiche comme une priorité. «Toutes les typologies de postes dans notre secteur peuvent être accessibles aux femmes. Le taux de réussite dans les études scientifiques est souvent le fait de femmes et il y en a encore trop peu que l’on retrouve dans les écoles d’ingénieurs. Il faut faire sauter les blocages que les femmes se créent, souvent, elles-mêmes», assure celle qui est membre du Conseil de la mixité et de l’égalité professionnelle dans l’industrie.