Ressources humaines
Le VIE pour accélérer son développement à l’international
Le Volontariat international en entreprise est une solution RH «clé en main» qui permet d’envoyer un jeune talent en mission professionnelle à l’étranger, pour une durée de six à 24 mois. Le webinaire organisé par Parlons RH sur le «VIE : attirer et fidéliser les jeunes talents» est revenu sur le fonctionnement de ce dispositif sécurisé, encadré par l'État, créé en 2000.
«Quelque 1 916 entreprises (dont une majorité de groupes du Cac 40) utilisent le Volontariat International en Entreprise (VIE)», se félicite Christophe Monnier, directeur du VIE au sein de Business France. Ce dispositif RH de mobilité internationale des jeunes permet aux structures françaises de droit privé - entreprises et associations -, de confier une mission professionnelle à l'étranger à un jeune diplômé âgé de 18 à 28 ans (non révolus), pour une période de six à 24 mois. À noter que les missions peuvent être prolongées une seule fois pour la même entreprise. En termes de profil, en moyenne, les VIE son âgés de 25 ans et effectuent des missions de 18 mois, dans 121 pays. Nombre d’entre eux se retrouvent sur la plateforme Business France «Mon VIE» qui présente actuellement près de 3 000 offres, sachant que les entreprises n’ont pas l’obligation de les publier leurs offres (les grandes entreprises les publiant directement sur leur propre site). L’intérêt de la plateforme est de permettre d’accéder à la cvthèque de Business France. «Nous avons plus de 42 000 CV à jour, dont 65 % de jeunes entre 25 et 28 ans», démontre ainsi Christophe Monnier. Avec, dans le détail, 85 % qui sont issus de formations ingénieurs ou commerciales (bac+5 et plus) et 85 % qui parlent couramment anglais ou sont bilingues.
Ouverture aux femmes et aux PME et ETI
Un peu d’histoire : le VIE a été créé par la loi n°2000-242 du 14 mars 2000 à la suite de la suspension du service national obligatoire, et en remplacement du service national en coopération qui permettait à un jeune français, dans le cadre de son service militaire, de servir une entreprise française à l’étranger. «coopérants du service national sont devenus les volontaires internationaux en entreprise», explique Christophe Monnier. Avec deux évolutions majeures : le dispositif s’est ouvert aux jeunes femmes, et à toutes les entreprises, alors qu’il s’adressait auparavant aux grands groupes français multinationaux. Ainsi, les PME et ETI constituent les trois quarts des entreprises utilisatrices du programme (76 %) depuis sa création. «Il a été maintenu et conçu comme un dispositif d’insertion professionnelle, qui peut s’assimiler à un stage longue durée en entreprise ou à une première ou deuxième expérience professionnelle», ajoute Christophe Monnier. Ses avantages pour les entreprises ? Accélérer leur développement à l'international : 71 % des entreprises ayant eu recours à un VIE constatent une augmentation de leur chiffre d'affaires à l'étranger et 81 % déclarent avoir atteint leurs objectifs à l’international. Cela permet à la fois de recueillir des informations sur les marchés ciblés, suivre ses clients internationaux et identifier de futurs prospects, développer un réseau de distribution ou de partenaires commerciaux à l’étranger, permettre le lien avec les équipes locales ou encore contribuer aux activités opérationnelles d’une implantation locale sur un nouveau marché. Autre avantage de taille pour les entreprises, attirer et fidéliser de jeunes talents prometteurs qui cherchent du sens, de l’engagement, ou une dimension internationale dans leur carrière. Ainsi, 60 % des jeunes ayant exercé une mission VIE(*) ont développé un attachement à l’entreprise et y restent par la suite. «Le VIE permet d’avoir cette première expérience à l’étranger, de gagner en compétences, en responsabilité, en expertise et en confiance», insiste Christophe Monnier. C’est également un outil de sourcing. De manière générale, 94 % des entreprises ayant eu recours au VIE se déclarent satisfaites du dispositif. Même satisfaction du côté des jeunes avec 97 % des anciens VIE qui recommandent le dispositif. «Il y a unanimité sur son intérêt», commente Thomas Chardin, dirigeant de Parlons RH.
Missions variées, selon les besoins
Comment en bénéficier ? Toute entreprise de droit français ainsi que ses partenaires ou filiales à l’étranger ayant un an d’existence et qui dispose d’au moins une personne morale en France peuvent bénéficier du programme. «Il faut simplement qu’il y ait une structure d’accueil, soit un partenaire commercial, un importateur, un distributeur dans le pays d’accueil ou une structure privée, comme une chambre de commerce française à l’étranger, un organisme d’hébergement et de coworking», détaille Christophe Monnier. «Il y a aujourd’hui beaucoup de solutions pour installer des jeunes dans des pays étrangers, sans avoir forcément une filiale locale». À noter que le jeune volontaire doit avoir dans l’entreprise d’accueil un référent pour l’accompagner. Il doit être de nationalité française ou ressortissant de l’Espace économique européen (sur les 10 229 VIE actuellement en poste à travers le monde, plus de 500 sont européens). En termes de contenu des missions, il revient à l’entreprise de les déterminer selon ses besoins : missions de développement commercial, de production, de gestion de projet, d’audit, mais aussi concernant l’ensemble des fonctions supports de l’entreprise (RH, finance, contrôle de gestion, informatique, marketing, logistique…). S’il n’est pas permis de cumuler plusieurs VIE pour différentes entreprises, «il est possible de changer de pays de résidence au cours de sa mission ou de prévoir un VIE régionalisé, avec la possibilité de rayonner sur une zone», prévient Christophe Monnier.
Gestion déléguée à Business France
Concrètement, les coûts sont maîtrisés avec des aides financières des régions qui peuvent aller jusqu’à 50 % du coût de la mission pour des PME, soit un coût mensuel de moins de 2 000 euros, et une exonération pour l’entreprise de toutes charges sociales et fiscales et de tout lien contractuel direct avec le volontaire. Et les process - RH - administratif, juridique et social - sont délégués à Business France. De manière pratique, pas besoin de signer une convention de stage mais seulement une lettre d’engagement du jeune pour une mission et une durée prédéfinie, contre une indemnité de vie pour subvenir à ses besoins. «Soit une indemnité fixe de 750 € par mois et une indemnité géographique. Celle-ci est la même pour tous les VIE dans un même pays et évolue en fonction du coût de la vie et de l’inflation dans le pays. Au total, en Europe on atteint 2 500 € d’indemnités VIE et jusqu’à 5 000 € nets à New York», détaille Christophe Monnier. À noter que le VIE n’a pas d’équivalent au niveau international - même si l’Espagne avec le dispositif Vives et la Belgique ont souhaité développer un dispositif similaire.
Charlotte de SAINTIGNON
(*) Source Ipsos 2022, sur un panel de 4 000 jeunes partis en VIE en 2021.