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Le vent de l’entrepreneuriat souffle toujours...

L’esprit d’entreprendre est-il toujours présent dans la région ? La réponse se veut toujours affirmative même si une légère baisse (de 1 %) de la création d’entreprise a été enregistrée au 2e trimestre surtout lié à des effets structurels de certains secteurs d’activité. Reste que depuis une dizaine d’années, les codes de l’entrepreneuriat ont évolué, notamment accentué depuis la dernière crise sanitaire. Le vent de l’entrepreneuriat souffle toujours, reste à continuer à adapter la voilure.

15 470 entreprises ont été créées dans la région au deuxième trimestre. 10 180 l’ont été sous le statut de micro-entrepreneurs. La création sous forme de sociétés classiques est en baisse annuelle de + de 11 %.
15 470 entreprises ont été créées dans la région au deuxième trimestre. 10 180 l’ont été sous le statut de micro-entrepreneurs. La création sous forme de sociétés classiques est en baisse annuelle de + de 11 %.

15 500 nouvelles entreprises créées dans la région au 2e trimestre 2023, soit une baisse de 1 % par rapport au trimestre précédent. «Ce ralentissement découle de la baisse des créations d’entreprises classiques (- 5,3 %) qui aujourd’hui ne représentent plus qu’un tiers des nouvelles immatriculations dans le Grand Est.» Bilan statistique tiré par l’Insee Grand Est dans sa dernière note conjoncturelle trimestrielle de mi-octobre. Un léger repli ou une véritable inversion de tendance ? 

La raison serait purement conjoncturelle. «Dans le secteur de la construction, les créations d’entreprise se replient de 16,7 % ce trimestre. Ce recul explique à lui seul la baisse des immatriculations mesurée dans la région. Les créations dans les secteurs des services, de l’industrie et du commerce, transport, hébergement et restauration sont stables ou en faible hausse.» 

L’esprit entrepreneurial apparaît donc demeuré toujours bien présent. Un état de fait présent depuis plus de dix ans à en croire l’Observatoire de la création d’entreprise. Fin octobre, l’organisme publie une analyse consacrée aux dix dernières années de l’entrepreneuriat dans l’Hexagone. 8,2 millions d’entreprise ont été créées en France entre 2012 et 2022. 

«Ce dynamisme s’explique selon trois facteurs : l’alimentation constante des énergies entrepreneuriales en provenance de tous les territoires même les plus fragiles. La résilience même face à l’imprévu d’une crise sanitaire. Une grande plasticité pour tirer le meilleur parti des transformations sociétales», assurent les auteurs de cette enquête. 

Conséquence directe de cet engouement jugé quasi général pour l’entrepreneuriat : «sur la décennie 2012-2022, le nombre annuel d’immatriculations d’entreprises dépasse régulièrement le nombre de radiations. Ce qui concrétise un accroissement naturel du stock d’entreprises. Ainsi le stock en France progresse sur cette période, traduction concrète de l’effet vertueux de l’adhésion croissante des Français pour la carrière d’entrepreneur et du récidivisme entrepreneurial des dirigeants.»


Solde naturel de l’entrepreneuriat

D’après l’Observatoire de la création d’entreprise, sur la dernière décennie : «le registre des entreprises et des établissements de l’Insee recense 5,9 millions d’immatriculation d’entreprise individuelles (y compris les micro-entrepreneurs). En tenant compte des taux de pérennité, le nombre d’entreprises radiées est estimé à 3,6 millions. La création nette s’élèverait alors à 2,2 millions d’entreprises individuelles. Sur cette même période, les greffes des tribunaux de commerce recensent 2 millions de nouvelles sociétés pour 1,5 million de radiations.» 

Bilan des courses pour l’Observatoire de la création d’entreprises : «l’Hexagone compte aujourd’hui 2,8 millions d’entreprises de plus par rapport à 2012, soit un solde de 250 000 créations nettes par an en moyenne. Ce solde naturel s’est stabilisé sur les six dernières années, entre 200 000 et 250 000, traduisant une similitude de sensibilité des créations et des radiations d’entreprises.» Reste que l’entrepreneuriat demeure quasi exclusivement porté par les micro-entrepreneurs, ce qui tente à relativiser cette dynamique entrepreneuriale certaine dans les chiffres. 

Dans la région, l’Insee régional assurait que quatre entrepreneurs sur dix étaient salariés avant la création de leur entreprise. Une donne corroborée par la récente analyse de l’Observatoire de la création d’entreprise. «La forte croissance de la dynamique entrepreneuriale des dix dernières années, et notamment l’accélération à partir de 2016, s’explique en grande partie par le succès grandissant du régime du micro-entrepreneur, mis en place en 2009. Il concerne six entreprises sur dix en 2022 pour 47 % en 2016.» De là à penser que l’entrepreneuriat est poussé par le micro-entrepreneuriat, il n’y a qu’un pas (franchi depuis longtemps...) ! 

Dans les chiffres, cela apparaît une certitude. Pour autant, d’après l’analyse de l’Observatoire de la création d’entreprise, les sociétés classiques maintiennent leur position de pilier de la dynamique entrepreneuriale. Les «grandes perdantes» sont les entreprises individuelles. Leur part a été divisée par deux en dix ans. «À l’inverse, la part des sociétés est restée constante avec toutefois un transfert significatif qui s’est opéré au profit des SAS (société par action simplifiée) qui comptent désormais pour 64 % des sociétés (19 % en 2012). Les SARL (Société à responsabilité limitée) reculent à 26 % (72 % il y a dix ans).»


Accompagner l’entrepreneuriat de contrainte

Dans la région sur les quelque 15 470 entreprises créées au deuxième trimestre, 10 180 l’ont été sous le statut de micro-entrepreneurs et seulement 5 290 sous la forme de sociétés classiques (soit une baisse annuelle de 11,6 %). Et quand on sait que les taux de pérennité à cinq ans des micro-entrepreneurs est largement inférieur à celui des entreprises classiques (respectivement 22 % contre 66 % d’après l’analyse de l’Observatoire de la création d’entreprise), on peut légitimement s’interroger sur l’impact réel des performances économiques et sociales des créateurs d’entreprise ? 

L’an passé à l’occasion de la création du collectif Cap Créa, regroupant une trentaine de réseaux d’accompagnement des porteurs de projets de création d’entreprises sous l’égide de Bpifrance, le chiffre d’un million d’emplois pérennes supplémentaires, grâce à la volonté de doubler le nombre de créatrices et créateurs d’entreprises d’ici cinq ans, a été lancé. 

Histoire de tenter d’atteindre cet objectif, le collectif Cap Créa a décidé d’accélérer au début du mois dernier, avec la création d’une nouvelle communauté «pour faire rayonner l’entrepreneuriat et l’importance de l’accompagnement», expliquent ses instigateurs. Nom de code : Coq Créa. «Sans accompagnement et financement adéquats, près de 50 % des entreprises disparaissent dans les trois ans suivant leur création alors que ce taux de pérennité dépasse 70 % pour des projets financés et accompagnés. Assurer la pérennité de ces entreprises, c’est d’abord assurer à leurs créateurs des revenus suffisants pour se suffire à eux-mêmes, mais aussi et surtout créer un terreau fertile à la création de nouveaux emplois dans les territoires.» 

Un nouvel étendard est né pour faire de l’entrepreneuriat, une cause commune ! «Le but premier de l’entrepreneuriat est de créer de la richesse sur les territoires et surtout de créer de l’emploi. Aujourd’hui, avec l’explosion du micro-entrepreneuriat, on voit surtout que les porteurs de projets créent leur propre emploi», assure une collaboratrice d’un réseau d’accompagnement de personnes éloignées de l’emploi. Une donne bien présente qui a un nom : l’entrepreneuriat dit de contrainte. 

«Depuis la crise sanitaire, cette tendance n’a cessé de s’intensifier. La situation actuelle avec une incertitude économique et géopolitique grandissante devraient continuer à l’alimenter», assure un chercheur de l’Université de Lorraine spécialisé dans l’entrepreneuriat. Reste aujourd’hui à tenter de faire de cet entrepreneuriat de contrainte, un entrepreneuriat pérenne. Une donne que les réseaux d’accompagnement se doivent de ne pas ignorer...

Salons en novembre

Union sacrée version chambres consulaires pour la création et reprise d’entreprises version salon. Les Vosges ouvrent le bal le 17 novembre à Golbey où une quarantaine d’experts-partenaires seront présents. Le 23 novembre, la salle René Cassin de Verdun accueille le salon Destination Créa. Le 24 novembre, le Salon Go mosellan tiendra une journée en présentiel à la CMA de Moselle avec une conférence spéciale sur l’entrepreneuriat au féminin. Tout au long de la semaine (du 20 au 24 novembre), le réseau consulaire mosellan proposera des webinaires en ligne avec des visioconférences sur les grands thèmes de l’entrepreneuriat. La Meurthe-et-Moselle clôturera ce mois de l’entrepreneuriat avec son Salon GO au centre de congrès Prouvé de Nancy.